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« Les déserts médicaux ne justifient pas de brader le niveau des futurs praticiens du pays »

Afin de pallier les pénuries de médecins dans notre pays, certains hôpitaux font appel à des praticiens ayant obtenu leur diplôme en dehors de l’Union européenne (UE) et n’ayant pas encore validé les épreuves de vérification des connaissances (EVC). Créées en application de l’arrêté du 9 juillet 2021, les épreuves de vérification des connaissances et de maîtrise de la langue française (prévues aux articles L. 4111-2 I et L. 4221-12 du code de la santé publique) ont deux objectifs : accueillir des praticiens du monde entier, dans le respect de la tradition d’accueil de la France et de sa volonté d’enrichissement des savoirs et des pratiques, tout en contrôlant la démographie médicale ; et régulariser le statut des praticiens diplômés hors UE et recrutés au sein des établissements publics de santé, tout en s’assurant que leur niveau de connaissances et de compréhension de la langue française leur permet de délivrer des soins de qualité.
Au titre de la session 2023, plus de vingt mille candidats se sont inscrits aux EVC, pour 2 703 postes offerts. On estime par ailleurs que deux mille à trois mille praticiens diplômés hors UE seraient actuellement en poste dans les hôpitaux français sans avoir encore validé les EVC.
Nous, membres du jury 2023 des EVC dans la spécialité de médecine générale, avons effectué une double correction impartiale et objective des copies. Nous avons unanimement été surpris par le faible niveau de connaissances d’un nombre important de candidats. En médecine générale, 537 postes étaient ouverts. Parmi les 2 662 candidats qui se sont présentés, 241 seulement ont obtenu une moyenne de 12 sur l’ensemble des épreuves, seuil témoignant pour le jury d’un niveau de connaissances minimal pour autoriser leur exercice. A contrario, le niveau académique des candidats recalés aux EVC 2023 ne peut pas permettre leur maintien en poste. Les déserts médicaux ne justifient de brader ni le niveau des futurs praticiens du pays, ni la qualité et la sécurité des soins !
Le fait même d’accepter que les praticiens diplômés hors UE n’ayant pas validé les EVC puissent exercer dans les hôpitaux entérine de facto une médecine à deux vitesses. Certains d’entre eux sont embauchés sous le statut d’interne et sont obligés d’endosser des responsabilités de médecin senior que nous ne confierions pas à des internes en cours de formation en France. Ces praticiens diplômés hors UE sont de plus employés de façon précaire et sous-payés par rapport aux missions qui leur sont confiées. Un praticien titulaire d’un diplôme du second cycle des études médicales français ou obtenu dans l’UE, mais n’ayant pas encore passé son doctorat et qui exercerait sur le territoire national serait considéré comme fautif d’un exercice illégal de la médecine. Pourtant, les gouvernements successifs entérinent cette situation en confiant la santé de nos concitoyens à des praticiens dont certains ont un niveau de compétences non validé par un examen objectif.
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